Patrimoine
Valflaunès… Qu’es aco ?
(d’après les recherches faites par Jacques Lefort)
« Valflaunès »
« Valle Filenense » est mentionné avant l’an 923. Puis les orthographes évoluent : parroche (paroisse) de Valfelnez, ou de Vallefeneira (12° s.), Vallefenesia, Valleflaunesia (16°s.) et enfin Valflaunès dès 1770 sur la carte de Cassini.
Le nom vient de Val (vallon) et du mon latin « figulina » qui signifie : atelier de poterie, auquel s’ajoute le suffixe latin « -ensem ». Cela correspond bien à la présence de terres de poterie.
L’église, romane, est du 11° et 12° sc. (dernière travée 11°sc., les deux autres 12°sc.). L’abside, de style lombard (style très présent dans le roman occitan et catalan), est en cul-de-four. Le porche et le clocher arcade sont de construction plus récente. Le clocher, détruit par la foudre en 2004 a été reconstruit à l’identique en 2005 et inauguré le 19 février 2006. Saint Pierre aux Liens est le saint patron du village et les armoiries de Valleflaunès (sur le fronton de la mairie) viennent de là.
La commune de Valflaunès fut créée à la Révolution, en 1792. Elle a longtemps fait partie de la Communauté de Communes de l’Orthus qui a fusionné avec les communautés de communes du Pic Saint Loup et de Séranne Pic Saint Loup pour devenir au 1er/01/2010 la Communauté de Communes du Grand Pic Saint Loup.
Avant la Révolution, la « parrocha » de Valflaunès a fait longtemps partie de la « République (ou Consulat) du Val de Montferrand » qui regroupait neuf paroisses de Saint Mathieu de Tréviers à Combaillaux.
Le premier acte connu concernant cette République de Montferrand date de 1276 ce qui en fait un des tous premiers Consulat du Languedoc. Le Consulat était une sorte de démocratie avant la lettre : les chefs de famille (hommes ou femmes veuves), propriétaires, étaient électeurs du consul qui gérait de nombreux aspects de la vie locale. Les Consulats languedociens (et Provençaux) jouissaient d’une très grande autonomie, en comparaison des institutions communales de l’ensemble de la France qui étaient sous l’autorité directe des seigneurs locaux (à l’exception des Flandres).
Les habitants de Valflaunès avaient traditionnellement le surnom de « los pauc faràs » : les paresseux ! Ce surnom n’étant absolument pas mérité, il est tombé en désuétude et n’est donc plus utilisé. La fontaine sur la place du village est assez récente. Elle est appelée « griffe » par les habitants. « Grifol » signifie en effet fontaine ou source en langue d’oc.
Avant la fontaine, la place était utilisée comme aire de Tambourin, sport traditionnel en Languedoc, encore pratiqué dans un certain nombre de villages (des équipes de jeu de balle au tambourin existent de N. D. de Londres à Cournonterral en passant par Gignac, Pignan, etc. ; il y a peu une équipe existait à St Jean de Cuculles) et des compétitions sont organisées, y compris avec les italiens qui pratiquent ce sport.
« Pic Saint Loup »
« Pic » est une traduction tardive, par les cartographes, du mot « montagna » ou du mot « pui » (ou pioch …). « Pui » en occitan peut être traduit par sommet. Notons que la francisation en Pic est bien adaptée à la vue depuis Valflaunès. On trouve en 1626 : « Pui » pour désigner notre montagne.
Il faut attendre 1648 pour trouver la mention de « Saint Loup ». Sur la carte de Cassini (1770), seul est mentionné l’ « Hermitage du Saint Loup » sans mention de pui ou de mont. « Lùp » est un terme pré latin désignant une hauteur. Mais la mention de « saint » fait aussi penser à saint Lou (ou saint Leu), évêque de Sens, mort en 629. Ce saint fut invoqué par les bergers pour se garantir du loup. Le nom de Saint Loup est conforme à la légende de cet Homme nommé Lop (loup), devenu ermite sur la montagne, par désespoir d’amour.
De nombreuses légendes racontent l’origine du Pic Saint Loup ; la plus célèbre est celle des trois frères, Guiral, Alban et Loup, tous trois amoureux de la belle Irène, comtesse de Bébieures (le château de Viviourès). Irène mourut pendant que les trois frères étaient en croisade, sans qu’elle ait choisi entre les trois.
De désespoir, ils se retirèrent, en ermite sur trois sommets : le mont Guiral, en Cévennes, le mont Saint Alban, près de Nant, tandis que Loup se retira face à l’Horthus et au château de sa bien aimée, sur le désormais Pic Saint Loup. La Chapelle Saint Joseph, sur le sommet, est mentionnée en 1662. Des ermites ont vécu longtemps sur le pic St Loup ; on en trouve la trace depuis 1428 (Pierre Soubeyras) et jusqu’en 1910 (Michel Maury).
Un chemin de croix allait de La croisette à la chapelle Saint Joseph, le long du flanc sud du Pic ; il n’en subsiste pas grand-chose aujourd’hui. Un pèlerinage des fidèles de la région avait lieu le 19 mars, jour de la Saint Joseph ; Les vignerons du Pic Saint Loup ont repris depuis quelques années cette coutume du Pèlerinage avec dégustation de vins ! La Croix métallique est moderne. Détruite par un illuminé en 1990, elle fut reconstruite à l’identique.
Hortus ou Orthus
Montagne ou causse de l’ … : « Rocca d’Ortilis » mentionné en 1130, puis « rocha de Ortols » (1197) et enfin Ortus en 1865. La carte de Cassini ne mentionne pas l’Hortus.
Une première interprétation est celle du jardin : « Ort » en langue d’oc (hortum en latin). Il s’agirait d’un jardin qui aurait existé autrefois sous le rocher près du lieu dit La Citernasse. Une seconde interprétation est celle « d’éperon rocheux » par déformations successives (Orq …). Cette interprétation parait conforme à la topographie du lieu. Une troisième interprétation, plus discutable, est celle d’une origine gauloise : « olca » signifiant « bonne terre de culture », allusion à la terre du vallon de Fambetou. Le débat reste ouvert …
La grotte de l’Hortus
La Grotte de l’Hortus est célèbre par les découvertes de traces de l’Homme de Neandertal (Prof. De Lumley). Elle fut habitée de -30 000 ans jusqu’à l’époque wisigothique (années 45O apr. JC …). Une légende raconte que l’évêque de Maguelone vint se réfugier dans la grotte pour échapper aux Sarrasins et dut y abandonner son trésor qui ne fût jamais retrouvé… Plusieurs autres grottes sont tout au long de la falaise de l’Hortus : grotte de Labau, etc.
Fambetou
Le col et mas de Fambetou : Le « mansum (mot latin devenu « mas » en langue d’oc) Fonsi Betoni » est mentionné au 12°siècle dans les archives du château de la Roquette ; puis on trouve le nom de Fonbetou (Cassini 1770). Le nom est celui d’une fontaine, en occitan « Font », associé à « Beto », nom de personne, wisigoth ou germain. Au 13° sc. Fambetou dépendait de la seigneurie du château de Londres et on y cultivait de la vigne. Le mas a appartenu très longtemps à une famille Sabatier.
Le Château de Montferrand
Le château de Montferrand : « Castrum de Monte ferrando » vers 1132, puis « castro Montisferrandi » en 1317, et « Montferrand » en 1740. Nom composé de « mont » associé à un nom de personne : « Ferran », homme travaillant le fer. Avant de passer au château, le nom de Montferrand semble avoir désigné dans son ensemble l’arête du Pic Saint Loup, de St Mathieu à Viols le Fort ; toute la contré dominée par cette hauteur a pris le nom de « Vallis Montisferrandi » (1264) puis de « valle de montferran » (1563). On parlait encore du Val de Montferrand au 17° siècle. Le nom est conservé dans celui de Viols en Laval.
Construit au 12° siècle, le château de Montferrand était plus une forteresse de défense qu’un château résidentiel. Il fut le premier château à tomber (mais de façon pacifique) aux mains des vicomtes du nord menant croisade contre la foi Cathare. Le Comte de Toulouse le céda au pape qui en donna la jouissance aux évêques de Maguelone (contre paiement) en réparation de l’assassinat du légat du Pape en 1208. Il fut le refuge de Guillaume de Pellicier, évêque tolérant, ami de Rabelais. Le château fut condamné à la démolition sous Louis XIV.
Viviourès
Le château de Viviourès : « Bébieurès » est mentionné en 1759 sous ce nom (« Bevieures ») puis en 1770 (Cassini) : « Buaurès ». Vient de l’occitan « bien viure » : lieu où il fait bon vivre. Mais il est mentionné dès le 11°sc. (1085 puis 1197) sous le nom de Castrum de Rocheta (château de la Roquette). Il appartenait alors au comte de Melgueil. Il existait également un « Castrum de Balma » probablement près de là (ou est-ce le même ?) : mentionné dès 1130. « Balma », en occitan : grotte (mot pré indo européen).
Pas de la Pousterle
Le Pas de la Pousterle : De l’occitan « postherla » : planchette. Sorte de col dans une montagne, passage plat, en « planchette ».On retrouve ce mot à Saint Guilhem le Désert, pour désigner un rocher plat. Dans d’autres régions du pays d’oc on trouve également des « Pas de la Pousterle » pour désigner de petits cols (ex. au sud de Briançon, vers Puy Saint Vincent).
Les Tours de Salles
Les Tours de Salles : Attesté en « Mansum de Salellis » en 1292. Il y avait en effet un mas de Sales (aujourd’hui en ruines) qui figure au compoix des Matelles sous le nom de Ricome (le propriétaire). En langue d’oc : « Sala » : maison seigneuriale, manoir. Les Tours de Salles étaient peut être des tours wisigothes, selon Jean Arnal.
La Chapelle d’Aleyrac
La Chapelle d’Aleyrac : Attesté au 12° siècle : de Aleyraco. Comme la plupart des noms de lieu se terminant en « ac », il s’agit d’un ancien domaine gallo romain ayant pris le nom de son propriétaire : « Alarius », ayant donné « Alariacum » puis Aleyrac. La chapelle fut très probablement implantée, dès l’époque wisigothique, sur l’emplacement ou à proximité de la villa gallo romaine.
La chapelle romane fut construite au 12° sc. avec une abside en cul-de-four et des traces de fresques. Près de là une colonne romaine (?) surmontée d’une croix. La chapelle d’Aleyrac fut restaurée il y a peu en 2005 par la Communauté des Communes de l’Orthus.
Le Menhir de Juoilles
Le Menhir de Juoilles : Sur la commune voisine du Rouet, sur le causse de l’Orthus, se trouve un mas de Juoilles (prononcer « fueilles »), près de la route venant de Valflaunès. Proche du carrefour des routes du Rouet et de Pompignan, en arrivant sur l’Horthus près de la limite de la commune de Valflaunès se trouve un menhir auquel le même nom de Juoilles a été donné. Il a 5,30 mètres de haut, l’un des plus grands du Languedoc. Indicateur ou borne d’itinéraire, marque magique ou divine, on ne sait. Il date de la même époque que les dolmens, nombreux sur le causse, au Néolithique. « Juoilles ou fueilles » vient des feuilles de chênes blancs (chêne pubescent), qui étaient certainement nombreux sur ce site.
Le Barou
Le mas du Barrou : Attesté en 1672 puis francisé en « le Baron » en 1770 (Cassini). Plutôt sobriquet que véritable titre de baron. Il fut d’abord appelé mas de Combe puis mas de Peyre (occ. « Pèira », pierre, le plus souvent pierres exceptionnelles par leur origine -mégalithe- ou leur dimension). Dès 1672 des Bruguières étaient propriétaires d’une partie.
Les Mas et les Hameaux
Mas du Boisset
Le mas du Boisset ou plaine de Boisset : Mentionné en « Honorem de Boiset « en 1156, puis en 1567 le mas de Boisset s’appelait le Mas de Peyre et semblait associé au mas du Barou. Puis indiqué en « Bouiset », en 1770 (Cassini). En langue d’oc, « boiset » signifie : lieu couvert de bois. Ce mas comprenait un moulin (à blé) ce qui peut expliquer les nombreuses transactions dont on trouve les traces. En 1780 par exemple il fut vendu (par les Bruguières) aux Durand dont un descendant fit probablement construire le « château » (la grande maison et le parc au centre du village).
Le Cabanelle
Le Cabanelle semble avoir été signalé en « apendaria de Cabanela » en 12O1. Vient de l’occitan « cabanà » : maison pauvre ou misérable, cabane de berger.
Mas du Pont
Le mas Du Pont : Mentionné en 1770 (Cassini). Mas auprès duquel est un pont ancien ou important.
Mas de Labau
Le mas de Labau : « Ravin des vignes de Lavaux », attesté en 1770 (Cassini). Vient de l’occitan « balç ou banç », déformé en « bau » : escarpement de rocher, falaise… Par extension mas ou ravin situé au pied d’une falaise.
Mas de Fournel
Le mas de Fournel : Attesté en 1759, puis en 1770 (Cassini). Nom de famille dont l’origine est probablement liée à la pratique de l’écobuage ; en occitan « Fornnelièra » : assemblage de tas et de mottes que l’on écobue (brûle). Une origine moins plausible est celle de « fornial », fournil (four à pain) en occitan. Le mas fut longtemps la propriété de la famille Grégoire.
Mas de Gourdou
Le mas de Gourdou (mas et plaine de…) : Attesté sous le nom de « mansum de gordono » en 1320 (cité au cartulaire de Maguelonne). Le nom est celui du propriétaire d’alors, Guillaume de Gourdou. Le nom « gordono » est d’origine wisigothe. A noter que dès 1212, « Durand de Gourdon (ou Gordon) de Valflaunès » était Doyen de la Faculté de Médecine (son nom est porté à l’entrée de la Faculté).
La Jassette
La Jassette : Vient de l’occitan « Jassa » : bergerie, étable à brebis mais aussi gîte d’un animal sauvage (« jas ») tel que le lièvre. « Jasseta » : petite bergerie.
Lancyre
Le hameau de Lancyre (ou Lancire): Mentionné dès 1164 (« versus Ancisam superius »), puis en « Lancire » en 1648 et enfin en « Lancyre » en 1774 (Cassini). Il s’agit du lieu ou du vallon « encisa » ; mot occitan venant du latin « incisum » :
encoche, coupure ou col dans un mont ou une colline. Il s’agit donc d’une encoche dans une arrête peu élevée. Une autre explication (E. Le Roy Ladurie) est celle d’une origine latine au sens de « qui domine l’arène ».
Vers 1550 le mas était propriété de la frérèche (du clan) des Jean, les plus gros propriétaires de Valflaunès. Convertie au protestantisme en 1560, la famille fit corps avec son chef, Jean Jean qui refusa de payer la dîme au prieur.
Les Jean perdirent le procès avec l’évêché ; et leur domaine. Le mas fut alors scindé en deux et connu plusieurs propriétaires dont, sur une longue durée les familles Bruguière et Mazel. Jean Bruguière fut, à la Révolution, le premier
maire élu de Valflaunès et le premier acte de naissance fut rédigé, l’an 1° de la République (1792) à Lancire. Le sobriquet des gens de Lancyre est traditionnellement : « los tira tira », les alouettes.
Le Mas Rigaud
Le mas Rigaud : Le « mansum de Rigaudo » est mentionné en 1302 au capitulaire de Maguelone. Il s’agit d’un nom de famille : Rigal ou Rigaudo. Le mas a appartenu de 1700 à la Révolution, à un noble Philippe de Bocaud, conseiller du Roy en la Cour des Comptes. Il fut cultivé par des métayers notamment des Jeanjean. Après la Révolution le mas fut possédé par la famille Nourrit. L’histoire du mas Rigaud et de la famille Nourrit est remarquablement rapportée dans le livre de Dominique Alliès, « L’arbre de vie ».
La Plaine
La Plaine (mas de…) : Francisation du mot « Plan » ou « Pla »qui signifie en langue d’oc : petit espace plat ou palier entouré de pentes.
Puech Sabatier
Le Puech Sabatier : Pech ou puech ou pioch ou pui : hauteur, colline, sommet en langue d’oc. Sabatier : nom de famille venant du métier de savetier : celui qui fabrique des chaussures, des sabots.
Le Rey
Le Rey (Lo Rey): Mentionné dès 1164 : « mansum Regem », puis en 1212. « Rey » est le mot occitan pour « Roi ». Il peut s’agir d’une ancienne propriété royale ou plus vraisemblablement un lieu très plaisant, très agréable, « royal ». Le Rey fut très longtemps le fief des sieurs Querelle (ou Carrelle) qui logeaient là également des brassiers travaillant pour eux. C’est à ce titre que viendront notamment s’installer les Banal, dans la deuxième moitié du 18° siècle.
Mas de Mascla
Le mas de Mascla (Mas en ruines). En 1416 Guillaume de Mascla signe une reconnaissance à Marie de la Roquette pour son mas nouvel dit des Courts (Viens de l’occ. « Cort » : enclos, parc à bétail). Plus tard Mascla est attesté en 1770 (Cassini). Mascla vient de l’occitan « masclàs » : gros mâle, ou femme qui a des manières d’homme. Une autre interprétation est l’origine en « mas clar », qui peut signifier mas de pierres ou mas dans la clairière.
La Roque
La Roque (mas de…): Mentionné en 1770 (Cassini). En langue d’oc « roca » : roche.
Valcyre
Le domaine de Valcyre (Les Hauts de, le mas de…) : Nom relativement récent composé de « val » (vallon) et de « cyre » emprunté au nom du mas de Lancyre. Ce nom a remplacé celui du « mas Cambon », nom venant probablement d’un ancien nom de famille, lui-même signifiant : coude, méandre (mot gaulois : « cambo »).
Viastre
Le mas de Viastre (Devois et mas de) : Mentionné en 1759 ; Etymologie non éclaircie. Peut être un nom de famille ; peut être venant de « bicassa » : clématite (forme rouergate) ce qui semble peu probable. « Devois ou devèze ou devès » vient de l’occitan « devès, devesa, défens » pâturage ou bois dont l’usage est réglementé.
Le Mazet
Le hameau du Mazet : attesté en 1774 (Cassini). Petit mas, petite métairie. Vient de l’occitan « mas », (origine latine « mansum »).
Les Lieux-dits et les ruisseaux
Les Arrières
Les Arrières : Contrairement aux apparences, ne vient pas du français « arrière ». Vient du mot « rièra » dérivé de « riu » ou « rieu » (rivière).
La Beyreïdasse
La Beyreïdasse : Ce nom viendrait de l’ancien occitan : « vaïsse », coudrier. Il signifierait : bois de coudriers.
Les Cadenèdes
Les Cadenèdes : En occitan, « cadeneda » : Bois de genévriers cade. Ces genévriers, très nombreux dans la garrigue, sont utilisés en huile pour des usages cosmétiques ou médicinaux. L’une des deux dernières distilleries en Europe est à Claret (l’autre en Andalousie).
Chaulet
Chaulet (ou Cholet) : Probablement un nom ou surnom de personne « chaulet » (origine auvergnate ?) ou » caulet » (origine rouergate ?) venant de l’ancien occitan » coulet « , signifiant champ de choux.
Le Claous de Limoune
Le Claous de Limoune : En occitan, « claus » signifie enclos, généralement laissé en pâture près des mas. « Limoune » viendrait du latin « limes », limites, ce qui semble indiquer que l’enclos était alors en limite de propriété.
Puech des Campasses
Le puech des Campasses : En occitan, les grand champs. Une autre interprétation est celle d’une origine en « campassous », venant de l’occitan « compissar » : arroser d’urine.
Les Canelles
Les Canelles : Vient de « canel », canne de Provence (ou, dans les marais : roseau) en langue d’oc.
Cantafaroune
Cantafaroune : chante la perdrix ou la pintade, (« faroune » en langue d’oc). L’élevage des pintades est très ancien car elles furent introduites par Hannibal (env. 200 ans av. J.C.), le général carthaginois, amateur de bonne chère (c’est lui qui traversa les Alpes avec des éléphants pour aller faire le siège de Rome).
La Citernasse
La Citernasse : Semble indiquer l’emplacement d’une citerne (et d’un jardin -ort- bien protégé des froids) ce qui surprend aujourd’hui puisqu’on est là au milieu des éboulis de l’Hortus !
Le Clos de Courtinelle
Le Clos de Courtinelle : Clos est une francisation du mot « claus », enclos. « Cortem » en bas latin signifiait cour, ferme, et a été utilisé dès le Haut Moyen Age pour désigner les bâtiments d’un domaine puis le domaine entier. Courtinelle a ici le sens de dépendance d’un mas.
La Croix des trente loups
La Croix des trente loups : Il peut s’agir d’une évocation des loups qui furent exterminés en Languedoc aux environs de 1900. Mais on peut penser également au sobriquet de langue d’oc « lop » (loup), qui était donné à un homme avide ou avare ou à une femme hargneuse et désagréable (« una loba »). Une autre interprétation est celle des « trente lieues » qui marquerait la distance depuis un lieu important (lequel ?).
L’Embuc
L’Embuc (ravin de…) : De l’occitan « embuc » : aven, gouffre.
L’Hermase
L’Hermas : Vient de l’occitan : « ermàs » : grande lande ou terre en friche.
Les Mates
Les Mates (Roc des…) : Mot d’origine pré-indo européenne signifiant : buisson, bouquet d’arbres (selon Flutre 1957). Bloc avancé de l’Orthus, le Roc des Mates domine tout à la fois Lauret et Valflaunès.
Espinas
Espinas Espinas : Vient de l’occitan « espinosa », (lieu) épineux.
La Fontanelle
La Fontanelle: Vient de « font », fontaine en langue d’oc. Ici : petite fontaine.
Le Four Rimbaud
Le Four Rimbaud : Il s’agit d’un des fours à pain de Valflaunès, si bien décrits dans le livre d’Edmond Teissier « Quand flambait le four » qui rapporte de nombreuses histoires ayant eu leur inspiration à Valflaunès ou dans les alentours. Rimbaud est probablement une déformation de « Riba aut » (Ribaute), qui signifie rive haute ou rive en amont, ce qui correspond bien à la position du four par rapport au ruisseau du Malembrac. Ce four est aujourd’hui en ruine.
Le Malembrac
Le Malembrac (ruisseau) : Le préfixe « mal » indique un terrain de mauvaise qualité, ou un lieu où sont des tombes ou des habitats anciens, ou même un endroit marqué d’un mauvais sort. « Embrac » a une origine incertaine: cours d’eau (« amb », mot d’origine gauloise), ou boue (« brac »). Peut être un gué très boueux.
Les Mouleirous
Les Mouleirous : En langue d’oc « molièra » : champs où l’on voit sourde de petites sources. Ce mot peut également signifier : pierre meulière.
La Perriere
La Perriere : De l’occitan « perier », poirier.
Pas de Peyrolle
Le Pas de Peyrolle : Mentionné en « Peirolas » (1258). Hauteur et grande pierre arrondie en forme de chaudron. Oc. « païrolà » : grand chaudron.
Pech Tort
Le Pech Tort : « Pech ou puech » : colline (voir plus haut). « Tort », en occitan : tordu. Petite hauteur en forme de crochet.
Planquesse
Planquesse : Ancien occitan « planca » signifiant : passerelle, passage à gué.
Le Ranquet
Le Ranquet : Peut s’écrire » Ranquas » car vient de l’occitan » rancas » : gros rocher.
Rouchan
Rouchan (ravin, fossé de …) : Vient de « roge », rouge en occitan. Il s’agit soit d’une variété de raisin rouge, soit plus probablement d’une allusion à la couleur de la terre à cet endroit.
Les Pelens
Les Pelens : Peut venir de l’occitan « palhassa », amas de paille ; dû probablement à une terre généreuse pour les blés. Une autre possibilité est, à l’opposé, « los pelats » au sens de terres ou pâturages pauvres. Débat à arbitrer !!!
Les Mates
Les Mates (Roc des…) : Mot d’origine pré-indo européenne signifiant : buisson, bouquet d’arbres (selon Flutre 1957). Bloc avancé de l’Orthus, le Roc des Mates domine tout à la fois Lauret et Valflaunès.
Puy Bastit
Puy Bastit : Puy peut être une francisation du mot « Puech ou pui » signifiant colline (voir plus haut) ; cette orthographe en Puy est surtout courante en Auvergne. Bastit vient de « bastida », maison, villa, bâtiment (il s’agit parfois de village fortifié …). Une interprétation plus plausible est que « puy » serait ici une erreur orthographique et qu’il s’agit d’un puit (qui existe toujours) et qui avait un très beau bâti.
Rieufrech
Rieufrech : Attesté en 1300 : « riparia rivi frigidi ». Vient de l’occ. « Rieu (ou rio) freg » : ruisseau froid.
La Rouviole
La Rouviole : Probablement variante féminine de l’occitan « reveirol », bois de chênes blancs.
Sabatou
Sabatou vient d’un nom de famille : Sabatier.
Saint Daumary
Saint Daumary : Vient, semble-t-il de Saint Dalmatius. Il s’agit d’une chapelle (aujourd’hui en ruine) située sur le causse de l’Hortus, au dessus du mas de Gourdou.
Roc du Verdier
Roc de Verdier : Mentionné en 1256 (« mensus de Viridario »). Vient de l’ancien occitan : « verdiér » : verger.
Terre des Longues
La Terre des Longues : Longues est probablement ici un nom de famille à laquelle était cette terre.
Le Terrieu
Le Terrieu (ruisseau) : Attesté en 1740 en « Terriou ». Vient du mot de langue d’oc : « Terriu » qui signifie terreux, chargé de terre.
Tuilière
La Tuilière ou tuilerie : Attesté en « Teuleria » dès 1193 puis francisé en tiulère ou traduit en tuilerie. Indique plutôt un dépôt de tuiles, plus rarement une fabrique.
Quelques noms dans la Garrigue
Garrigue
Garrigue, garriga, garrigo : « Garric » désigne le Chêne vert, cet « arbre du rocher », roi de la garrigue. Ce mot vient de la racine celtique « gar » qui signifie rocher. Les définitions de la garrigue sont nombreuses mais tournent toutes autour d’une « formation végétale, sur sol pierreux, constituée de broussailles basses et d’herbes, parsemées d’arbres de taille modeste ».
La nature xérophile (résistante à la sécheresse) de nombreux végétaux, les affleurements rocheux ainsi que la nature évolutive des formations végétales en constituent des aspects essentiels. Les sols sont généralement calcaires ; sur sols acides on utilise plutôt le terme de « maquis ».
Les géographes utilisent volontiers le terme de « pays de garrigues » pour désigner l’ensemble constitué des terres cultivées et des bois, associés ou mélangés à des garrigues strictes.
On utilise ainsi la dénomination de « pays des garrigues du Pic Saint Loup » pour désigner le territoire dont Valflaunès fait partie.
La garrigue est le résultat de l’action des hommes qui dès le Néolithique ont défriché et brûlé les forêts (de chênes verts) pour les cultures et les troupeaux.
La garrigue constitue un très riche réservoir d’espèces végétales et animales (biodiversité), très typiquement méditerranéen, mais qui se restreint fortement au fur et à mesure de l’abandon des terres, de la « fermeture » du paysage par la dominance des bois (pins d’Alep, chênes verts, chênes blanc …) ou de taillis impénétrables (chênes kermès, …) ou d’un « mitage » de maisons ou de lotissements.
On estime à 360 000 ha la superficie des garrigues en France. A l’échelle mondiale ce type de formation végétale et de paysage méditerranéen est largement répandu et classé sous le vocable de « matorrals » (broussailles en espagnol).
Riu, rieu, rec, riou, riol …
Les ruisseaux de la garrigue sont, comme dans la plupart des régions méditerranéennes, presque toujours à sec. Seuls les gros orages et les fortes pluies d’automne arrivent à les charger en eau. Et alors, parfois quelques heures ou quelques jours par an seulement, ces « rius » deviennent des torrents impétueux et peuvent même inonder des terres que l’on croyait bien au sec.
Lavagne
Lavagne, lavogne, en occ. lavanha : marre, flaque d’eau, abreuvoir en plein air pour les troupeaux. Le lavagnes sont nombreuses dans les garrigues, généralement dans une petite dépression, une doline. On peut en voir sur le causse de l’Hortus et encore plus sur les grands causses (Larzac,etc.) ou dans les Cevennes calcaires. Certaines lavagnes ont été pavées pour éviter la dégradation par les animaux.
Euzières
Euzières, euzet, ieuzière … Il s’agit des bois de chêne vert (quercus ilex). Vient de l’occitan « Yeuse », le chêne vert qui constituait la principale essence de la forêt languedocienne primitive et qui reste l’arbre noble de la garrigue.
Vignasse
Vignasse, vignole, vignal, vigneire, vigne … Noms venant de l’occitan « vinha » : vigne, vignoble. Vignasse (occ. « vinhassa ») a le sens de « grande vigne » tandis que vignalet est une petite vigne.
Draille
Draille, draye, en occ.dralha : Il s’agit des chemins de transhumance, nombreux dans notre région. Ils permettaient de conduire les troupeaux de moutons des garrigues vers le haut des Cevennes (Mont Lozère, etc …) de façon à permettre une pâture en été. Certains bergers pratiquent encore la transhumance, la montée ayant lieu vers le 15 juin, le retour vers le 15 octobre. Chaque mas de Valflaunès avait un troupeau qui transhumait pour aller en estive sur le Larzac ou sur le Mont Lozère. Un troupeau de Ste Croix de Quintillargues transhume toujours chaque année en traversant le village de Valflaunès.
Mas
Mas : ferme, métairie, domaine agricole, parfois hameau. Mas est un mot de langue d’oc venant du latin « mansum ». Les mas sont nés à l’époque romaine lors de la colonisation des terres, des domaines étant délimités selon un cadastre, en parcelles géométriques (d’où la forme très régulière de nombreuse parcelles de notre cadastre actuel), et regroupée en mansum le plus souvent de 250 à 350 hectares. Cette surface est encore celle des grands mas de nos jours. En effet 300 ha permettent de faire pâturer un troupeau de 300 brebis (et quelque chèvres), celui d’un mas. Ces mas pratiquaient en outre la culture des céréales, de la vigne ; de l’olivier (et parfois d’autres arbres fruitiers méditerranéens), l’élevage des vers à soie (dans des pièces aménagées appelées magnaneries) nourris avec les feuilles de mûriers, etc. Les « villae » gallo-romaines étaient de grandes propriétés, regroupant plusieurs mas. Elles ont souvent été à l’origine des villages actuels.
Vergers
De nombreux noms de lieu désignent des bois ou vergers d’arbres utiles à l’homme :
- Olivède, olivette, oliveta … pour les vergers d’oliviers (« oliu ou oliviér » en occ) ;
- Arboussas, arboussié, arboussier … pour les bois d’arbouses (« arboç en occ) ;
- Figaret, figarède, figuerasse, figuieyrasse … pour les plantations de figuiers (« figuier » en occ.) ;
- Ameilles, amellierets … pour les vergers d’amandiers (« ameliés » en occ.) ;
- Frayssinet, fraissinède, fraisse … pour les bois de frènes (« fraisse » en occ., « fraisseneda » pour bois de frène).
— Jacques Lefort